Après plusieurs signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs, l’Agence évoque des risques pour la santé pour des bénéfices incertains

Actuellement, de nombreux compléments alimentaires pour sportifs sont proposés sur le marché. Mais mieux vaut prendre garde à la consommation de ces produits puisque le dispositif national de nutrivigilance, piloté par l’Anses*, a recueilli quarante-neuf signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à ces derniers entre 2009 et février 2016** selon un récent rapport.

En cause notamment, les produits visant le développement musculaire (créatine, protéines de lactosérum, DHEA) ou une diminution de la masse grasse (choline, L-carnitine). Des effets potentiellement graves, majoritairement d’ordre cardiovasculaire (tachycardie, arythmie et accident vasculaire cérébral) et psychique (troubles anxieux et troubles de l’humeur), ont été observés.

« Ces signalements d’effets indésirables ont conduit l’Anses à évaluer les risques associés à la consommation de ces compléments et à attirer l’attention des sportifs concernés sur les risques sanitaires induits par ces pratiques », souligne l’Agence.

Par conséquent, ces produits sont déconseillés aux personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ou souffrant d’une cardiopathie ou d’une altération de la fonction rénale, hépatique ou encore de troubles neuropsychiatriques. Les personnes qui pratiquent régulièrement une activité sportive doivent également faire attention à la consommation de compléments alimentaires contenant de la caféine avant et pendant leur séance.

Demander l’avis d’un professionnel de santé

Il est également recommandé d’éviter toute consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ou éviter de les associer avec des médicaments. « Afin de réduire ces risques, il est recommandé aux consommateurs d’être attentifs à l’adéquation de ces compléments alimentaires avec leur statut nutritionnel, leur état de santé et les objectifs visés », indique l’Agence.

De ce fait, il est nécessaire de prendre conseils auprès d’un professionnel de santé avant de consommer ces produits : seul ce dernier peut délivrer un conseil personnalisé, le cas échéant en lien avec l’entraîneur ou le préparateur physique, au regard des périodes et des charges d’entraînement. Si les sportifs souhaitent absolument diminuer leur masse grasse et/ou augmenter leur masse musculaire, l’Anses tient à les informer:

« Des risques liés, d’une part, à la consommation de produits présentant une activité pharmacologique et, d’autre part, des risques sanitaires liés à la pratique de régimes amaigrissants sans accompagnement médical. »

Bien faire attention au circuit de distribution

Par ailleurs, même si le marketing de ces compléments alimentaires met en avant des effets sur la performance physique, le risque sanitaire n’est pas exclu. Il a en effet été scientifiquement démontré une absence de données sur leur efficacité qui rend les « bénéfices escomptés de ces compléments très fortement hypothétiques, rendant ainsi l’intérêt des produits les contenant largement discutable au regard des risques encourus. »

Comme pour l’achat de médicaments et autres compléments alimentaires, les consommateurs doivent également se montrer vigilants en ce qui concerne les lieux d’achat de ces produits. « L’achat sur internet expose de facto davantage le sportif à la consommation de compléments alimentaires frauduleux ou adultérés, susceptibles de conduire à des contrôles anti-dopage positifs et d’induire des effets sur la santé », atteste l’Agence.

Outre la traçabilité et l’identification du fabricant, les sportifs doivent être attentifs à privilégier les produits conformes à la norme AFNOR NF V 94-001 (juillet 2012). Comme le recommande la Société Française de Nutrition du Sport, « l’acquisition de compléments devrait se faire en pharmacies et magasins spécialisés et non hors circuit sécurisé ».

Attention à la banalisation de ces produits

Enfin, l’Agence s’adresse également aux pouvoirs publics et aux professionnels de santé. Les premiers pour les inciter à « mener une réflexion sur la pertinence de la distribution de ces produits sur les sites de pratique sportive » en raison de la banalisation de leur consommation sur les sites de pratique sportive.

Les seconds pour leur rappeler l’importance de déclarer des effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs et dont ils auraient connaissance auprès du dispositif national de nutrivigilance de l’Anses.

*Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

**Un cas d’effet indésirable a été déclaré en 2010, six en 2011, dix en 2012, cinq en 2013, onze en 2014, quinze en 2015 et un entre le 1er janvier et le 16 février 2016.

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