Allier la manipulation structurelle à l’écoute du tissu.
Nous sommes au plus près du tissu, nous faisons corps avec lui, nous ressentons sa déformabilité directement afin de mettre en évidence une éventuelle lésion à l’origine de troubles fonctionnels. Ainsi nous pouvons la manipuler.
L’absence de mise en tension par des bras de levier fait que ces techniques sont confortables pour le patient, leur sécurité est optimale, leur utilisation est très variée même dans les cas aigus ( il est en effet tout à fait possible par exemple de manipuler L4 avec une atteinte pathologique de L5, étant donné qu’il n’y aura pas de contraintes sur L5). Elles sont d’une extrême précision, car nous sommes directement au contact de la structure qui nous intéresse.
Certaines des techniques que nous abordons en stage sont visibles en vidéo en cliquant sur les liens suivants :
Première partie

Deuxième partie

Manipulation Structurelle Tissulaire

En pratiquant au quotidien et en enseignant l’ostéopathie structurelle depuis plusieurs années, ma pratique des manipulations s’est bâtie dans une dimension totalement tissulaire.
Le terme de « manipulation structurelle tissulaire » se propose aujourd’hui de traduire cette pratique qui se reconnait à la fois dans la manipulation de la structure et dans l’abord tissulaire du patient.
Il apparait fondamental et indispensable, d’allier l’écoute tissulaire et le respect du tissu, à la pratique de la manipulation structurelle.
La manipulation est par définition une action de la main qui mobilise, qui «manipule».
Nous manipulons du tissu.
Qu’il soit conjonctif (fascia, ligament, tendon, muscle…), osseux, viscéral, nerveux ou vasculaire, notre action se porte sur du tissu.
Tout tissu est par définition une structure.
Si notre volonté est d’agir sur l’organisation intrinsèque de cette structure, alors toute manipulation tissulaire est par définition structurelle.
A partir du moment où nous agissons manuellement sur un tissu en ayant la volonté d’en modifier son organisation interne, nous effectuons une manipulation structurelle.
Si la manipulation structurelle ne contraint pas le tissu qu’elle manipule, si elle n’impose pas par la force une direction théorique et prédéterminée à prendre, si elle respecte la liberté tissulaire présente, et qu’elle est au plus près, voire «dans» le tissu qu’elle manipule, alors elle acquière cette dimension tissulaire.
Buts et principes

Le but de ce geste manipulatif est de déclencher un réflexe circulatoire dans du tissu conjonctif afin que celui-ci retrouve ses caractéristiques initiales d’élasticité et de déformabilité.
Le circuit utilisé est neurologique (voir Irvin Korr) .
Nous irons donc ainsi dans le sens d’un retour à la fonction.
Tout tissu vivant est déformable. La perte de cette déformabilité signe une perte d’adaptabilité possible aux diverses contraintes et donc une «perte de vie».
Relancer la circulation dans ce tissu lui rend sa déformabilité initiale, c’est un retour à la vie et un retour à une situation d’équilibre.
La perte de mobilité d’une structure par rapport à une autre est donc la conséquence d’une altération de la qualité du tissu conjonctif.
Nous ne cherchons pas par la manipulation à retrouver une mobilité perdue, nous cherchons simplement à optimiser la qualité du tissu en restaurant son apport circulatoire et sa régulation neurologique. De ce fait la mobilité de l’os ou de l’organe par apport à ce qui l’entoure se restaurera d’elle même.
La perte de mobilité représente ce qui est visible avec les yeux, l’altération de la déformabilité du tissu n’est pas visible et relève du domaine du ressenti.
Techniquement il s’agit de se mettre en contact avec le tissu que l’on désire manipuler en se mettant au même niveau de densité que lui. On interroge sa déformabilité afin d’en ressentir les éventuelles restrictions, et on le « stimule » dans le sens de la restriction par le «thrust».
L’analyse de la lésion est alors extrêmement fine, elle est ressentie précisément par le praticien.
Il faut biensûr avoir conscience de la relative subjectivité de cette information.
Outil et caractéristique de cet outil
L’outil est la manipulation structurelle tissulaire.
Cette forme de manipulation doit répondre à un certain nombre d’éléments de mise en place et de réalisation.
– Le patient doit être installé avec le moins de tensions possible, aucunes zones de verrouillage, aucunes tensions musculaires. Cela viendrait modifier la qualité du tissu au repos et ainsi perturber le ressenti du praticien.
– Le praticien doit se positionner de façon précise, empilé passivement sur ses appuis et bien enraciné dans le sol, le moins possible de muscles contractés, de façon à être le plus à l’écoute de la déformabilité de la structure du patient. Ses points de contact avec lui sont fermes et confortables de façon à pouvoir ressentir à travers sa propre densité la moindre modification de tension tissulaire.
Il est donc essentiel de travailler particulièrement cette mise en place à la fois du patient et du praticien. Il en dépend la qualité finale de la manipulation et la précision de la recherche lésionnelle.
Une fois que l’on est enraciné dans le sol, « posé » et équilibré à travers le patient, on est à même de ressentir l’autre en soi.
La notion de centre est très importante. Notre perception sera d’autant plus précise que nous serons «centrés» autour de notre axe.
Nous allons ensuite contacter le tissu que nous désirons manipuler en se mettant au même niveau de densité que lui. Une fois que nous communiquons avec ce tissu, nous allons en objectiver sa déformabilité et son élasticité à la recherche d’une éventuelle lésion. Même si cette recherche est automatiquement basée sur la biomécanique, il faut avoir en conscience que la lésion que nous recherchons est multidirectionnelle, elle est extrêmement petite, il faut alors dépasser le stade de la biomécanique pour n’être qu’à l’écoute du tissu et laisser aller notre main à la rencontre de l’augmentation de densité tissulaire, qui n’est évidemment pas concrétisée par le bout de course articulaire.
La réalité de la lésion est beaucoup plus complexe que le modèle biomécanique. Cette vision des choses et la technicité qui en découle est donc très éloignée du modèle biomécanique classique et des «lois» de systématisation biomécanique type Fryette.
– L’élément indispensable dans la réalisation de ces techniques est la PRÉSENCE dans l’autre. Il faut qu’à travers la main, tout le corps et l’esprit du praticien soient présents. Cette notion de présence donne la dimension thérapeutique au geste. La technique est nécéssaire et indispensable, mais elle n’est pas suffisante. Elle ne suffit pas à donner une dimension de soin à notre geste.
– Les techniques manipulatives que nous employons sont essentiellement et dès que celà est possible, des techniques directes afin d’être au plus près du tissu que nous manipulons.
Le contact direct avec la structure, permet cette recherche lésionnelle multidirectionnelle, ce qui est un atout majeur de la manipulation structurelle tissulaire.
L’absence de mise en tension augmente le confort de la manipulation pour le patient, la sécurité est maximale et l’action extrêmement ciblée.
Il est alors possible de travailler précisément sur une zone en présence de lésions ou des pathologies proches, sans incidences sur celles-ci.
Si la zone ne permet pas le travail avec des techniques directes ou que la lésion ne peut être réduite de la sorte, nous utilisons des bras de leviers les plus courts possible en travaillant sur une notion de «convergence tissulaire».
Nous n’étirons pas les tissus avoisinants afin de créer une tension à un endroit spécifique, mais nous augmentons notre densité à travers ces tissus ,et augmentons notre convergence vers la zone lésionnelle « cible».
– L’aboutissement du geste est le «thrust». C’est une impulsion brève, très rapide et énergique dans le tissu lésionnel. Il n’y a pas de notion de mouvement dans le thrust, on ne cherche pas à déplacer une structure mais à la «percuter» de façon à déclencher le reflexe circulatoire curatif.
– La résultante de cette action peut se traduire par du mouvement apparent, mais il n’est que l’amortissement de l’énergie dégagée. La contrainte sur le tissu est alors très faible.
Conclusion

Il y a au départ de toute volonté de transmission, l’enseignement que l’on a reçu.
Il est la base de départ. Le temps, l’expérience, la maturité font que petit à petit des idées naissent, des modifications et des adaptations s’imposent et l’envie de les faire partager arrive.
Nous ne renions ni ne décrions quoi que ce soit, nous n’avons rien inventé, nous désirons juste apporter notre vision de la manipulation structurelle.
Cette forme de manipulation est extrêmement fine et précise. La dimension tissulaire que nous voulons lui donner par notre présence dans le tissu, dépasse la technicité et s’inscrit dans une notion de soin et de respect du vivant.
Il faut bien entendu remettre ceci dans le contexte global de l’ostéopathie. Toute manipulation s’inscrira dans le cadre d’un diagnostic ostéopathique et d’une recherche lésionnelle en rapport avec un patient particulier et son histoire.
On soigne en donnant à l’autre le message dont il a besoin pour se remettre sur son chemin. En agissant avec tout notre être sur du tissu, nous contribuons à lui redonner de la vie, celle-ci reprendra rapidement le dessus vers une situation d’équilibre.

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